
Vicki May Hamm prend la direction politique du dossier du Mont-Orford
Vous aviez l’impression que le dossier du Mont-Orford continuerait de stagner indéfiniment dans le marais politique ? Le gouvernement a continué de payer les factures. La région s’est endormie. Il n’y a pas eu de véritable débat politique aux élections municipales, mais il y a eu changement de la garde. Où se trouve le leadership régional ? La récréation est terminée. Il est très tard pour trouver un opérateur qui paiera la facture de la saison 2010-2011.
En 2008, l’opposition à Québec était unie avec SOS Parc Orford pour imposer la réintégration du Mont-Orford. Pour calmer le jeu en situation de gouvernement minoritaire, Jean Charest a choisi de payer les factures des saisons 2008-2009 et 2009-2010 en plus de la facture de la rupture du contrat avec André L’Espérance, propriétaire des installations. Un mandat, payé par le gouvernement, a été confié à la MRC de Memphrémagog pour bâtir un consensus régional sur un scénario de relance de la station de ski. Le conseil de la MRC a convenu que la solution idéale serait que le gouvernement continue de payer pour les installations et que les installations soient gérées par la SÉPAQ.
L’objectif gouvernemental de la loi 23, qui a soustrait le Mont-Orford du parc, était de se débarrasser, une fois pour toutes, du fardeau des installations déficitaires. La réponse informelle de la ministre Beauchamp à la MRC a consisté à réitérer que le gouvernement ne financerait plus les installations et qu’il ne poursuivrait pas le financement du déficit au-delà de la saison 2009-2010. Si la région veut éviter la fermeture de la station de ski, elle doit participer au financement, puisque l’opération de la station de ski n’est pas rentable. Le gouvernement a largement contribué au maintien du service au fil des ans et la région aura eu toute la latitude pour apporter sa contribution. La ministre a signifié ses attentes plutôt deux fois qu’une. La région devra assumer le poids politique de la fermeture, si c’est le cas.
Décembre 2008, le gouvernement Charest est réélu. Il passe du statut minoritaire au statut majoritaire, ce qui écarte la menace humiliante d’une défaite parlementaire sur le dossier du Mont-Orford. L’année 2009 étant celle des élections municipales, le dossier du Mont-Orford est demeuré dans les limbes politiques sans que l’échéance de la fin du financement du déficit soit remise en question. Nouvelle donne, le trio Roger Nicolet, Marc Poulin et Pierre Rodier est remplacé par Gérard Marinovich, maire d’Eastman et préfet de la MRC, Vicki May Hamm, mairesse de Magog et Pierre Bastien, maire du Canton d’Orford.
Pierre Bastien est le premier à prendre l’initiative. Il était conseiller municipal sous le maire Jacques Delorme, dont l’Administration favorisait le développement immobilier sur le Mont-Orford. Il s’était prononcé en faveur de la Loi 23. Avec l’appui de gens d’affaires, il relance le dossier du développement immobilier sur le Mont-Orford. L’initiative est accueillie avec froideur au bureau du premier ministre dont la mauvaise humeur à l’égard du dossier du Mont-Orford est de notoriété publique. La rencontre des élus avec la ministre Beauchamp, le 11 décembre, confirme que le scénario du développement immobilier est exclu et que celui de la réintégration du Mont-Orford à l’intérieur du parc est validé.
Au début de son mandat, Vicki May Hamm fait appel à la contribution du milieu, mais elle reste évasive sur les modalités, tout en excluant la formule de la régie intermunicipale qui éponge les déficits. Au cours des mois de janvier et de février 2010, elle consulte et elle cimente des alliances. À l’occasion du conseil municipal du 15 février, elle surprend les observateurs avec l’adoption unanime d’une résolution favorable à la solution coopérative. Présidente du CLD de la MRC de Memphrémagog, elle travaille des scénarios de financement régional en relation avec les milieux d’affaires.
Le mardi 9 mars, elle annonce, en conférence de presse, un projet de fonds de relance alimenté par une hausse des taxes de vente de 0,25 %. L’annonce est conjointe avec la participation des représentants des milieux d’affaires pour bien signifier l’appui « sans équivoque » du CLD, de la MRC de Memphrémagog, de la Chambre de commerce et d’industrie Magog-Orford, de la SDC centre-ville Magog et du comité Vision Magog-Orford. Sous l’administration régionale précédente, le préfet, Roger Nicolet, dirigeait les travaux du comité de parrainage et il en était le porte-parole. L’actuel préfet Gérard Marinovich était absent de la conférence de presse. Vicki May Hamm a pris la direction politique du dossier du Mont-Orford au niveau régional.
Vicki May Hamm n’a pas consulté la ministre Beauchamp sur la recevabilité de la proposition de hausse des taxes de vente. Si elle l’avait fait, la réponse aurait été négative. Les taxes de vente sont un champ fiscal jalousement réservé aux gouvernements supérieurs. La mairesse Hamm est consciente du risque de rejet de cette solution, mais elle a réussi à faire le consensus du milieu et à renvoyer la balle du côté de la ministre Beauchamp. Le député Pierre Reid souligne ce consensus tout en préparant le terrain pour une réponse négative. Mme Hamm se positionne dans une situation de négociation avec un large appui du milieu. Le gouvernement du Québec saura possiblement faire preuve de créativité en trouvant un aménagement fiscal sur mesure qui ne créera pas un précédent suscitant la convoitise de l’ensemble du monde municipal.
« LA RÉGION EXIGE DES GARANTIES ». C’est dans ces termes que Mme Hamm demande que l’appel d’offres intègre l’autorisation des liaisons entre le Mont-Orford et les projets immobiliers à l’extérieur du parc et, surtout, l’interdiction de démantèlement des installations.
Au cours des dernières semaines, la situation a changé radicalement. L’opération de conciliation de Vision Magog-Orford a créé les conditions pour un front commun sur la relance de la station de ski, fragile, mais réel. La valorisation du projet de coopérative par Magog génère beaucoup de bonne volonté des citoyens impliqués dans ce projet et de la part d’intervenants.
Le dépôt de l’appel d’offres est la prochaine étape. On l’attendait pour la fin février. La dernière rumeur porte sur la fin mars. C’est à voir.